mardi 12 décembre 2017

Les devoirs surveillés et appréciations

LES DEVOIRS SURVEILLES

Durant les devoirs surveillés, toute la posture de coach de l’enseignant  est en action. Il intervient sur les savoir-être du labeur et psychologiques. Il se soucie des élèves et motive ceux qu’il remarque en difficulté, en abandon, à poursuivre leurs  réflexions, à se battre intellectuellement face aux problèmes qu’il vit. Il peut même écrire discrètement au tableau des pistes en fonction des difficultés qu’il remarque.  Ces devoirs surveillés sont dans la pédagogie réactive un formidable outil d’évaluation non pas seulement des compétences mais aussi des ressources mobilisées puisque les élèves sont devant nous et il serait dommageable pour leur progression de ne pas intervenir et leur laisser faire n’importe quoi ou du hors sujet juste parce qu’il faut absolument leur mettre une note. Je n’ai jamais compris l’utilité pédagogique de laisser un élève ne rien faire pendant le temps du devoir parce qu’il ne comprend pas ou abandonner par ce qu’il est à la ramasse pour le simple fait de devoir mettre une note.
Toute évaluation se doit d’être aussi formative, exception faite des évaluations certificatives écrites. Mais en ce qui concerne ces évaluations orales, elles  doivent obligatoirement posséder un temps de réajustement par le jury à la fin de l’entretien, pour la simple et bonne raison qu’il est important que le candidat puisse, grâce à cette critique constructive, comprendre ses erreurs et ainsi augmenter la probabilité de ne pas les renouveler. J’ai toujours fonctionné ainsi lorsque j’étais enseignant avec la plus poussée des bienveillances envers les candidats, que ce soit pour les Contrôles en Cours de Formation, les oraux du Bac et les examens CAP petite enfance, que se soit en pratique ou par rapport au dossier d’animation. Cela n’a jamais engendré aucun problème et à chaque fois ce fut de magnifiques discussions, quelquefois accompagnées de larmes résultant d’une réaction légitime à la reconnaissance d’erreurs mais je fus toujours remercié de contribuer à leur formation par l’intermédiaire de cet examen. Enseigner, c’est aussi mettre à sa disposition toutes les situations qui vont favoriser les apprentissages.


LES APPRECIATIONS

Je peux définir une appréciation comme une critique constructive du comportement et/ou des capacités d’un élève. Elle peut être orale ou écrite.
 Elle  est l’expression du résultat d’une évaluation qu’elle qu’en soit le type.
Je parlerai essentiellement des appréciations dites négatives, c'est-à-dire celles se référant à une ou plusieurs difficultés de l’élève. Les positives étant toujours appréciées des élèves et bien moins délicates à formuler. Je  dirai juste que l’enseignant ne doit pas en être avare.
L’enseignant doit prendre conscience de la portée d’une appréciation sur le ressenti de ses élèves. Elle  ne doit en aucun cas  être un jugement. Fini les «tu es fainéant», «tu n’arriveras à rien ! »… encore trop présents. Elle ne doit donc  souffrir aucune subjectivité. Elle doit être en lien avec une réalité argumentée mais toujours bienveillante car il est important de montrer à travers elles que l’enseignant ne catalogue pas ses élèves, qu’il espère toujours qu’à l’aide de son accompagnement, ils vont enfin adopter les comportements leur permettant de progresser. Lors d’une critique qui peut être ressentie négativement par l’élève, elle se doit d’être toujours accompagnée d’une valorisation, de conseils permettant à l’apprenant de garder espoir en sa progression, et surtout si cette dernière est ressentie comme blessante par l’élève, que l’enseignant puisse la justifier et lui démontrer que ce n’était point le but parce qu’elle est accompagnée d’une critique positive.
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 Que cet objectif est de lui faire prendre conscience de la réalité concernant son comportement ou ses capacités en lien avec ses comportements afin de permettre sa progression. Bien entendu, une appréciation dite négative n’est pas forcément une sanction mais par contre une sanction est forcément une appréciation. Ce qui les différencie ? Le fait ayant été évalué et engendrant en fonction de son acceptabilité ou non un impact sur le reste de la classe. Par exemple, un travail non réalisé sans raison valable est accompagné d’une sanction alors que s’il n’est point exécuté à cause d’une source de difficulté que l’élève peut énoncer, l’appréciation s’impose. Comme je l’ai bien spécifié, l’enseignant ne sanctionne pas les difficultés par contre, il est important de faire une appréciation de ce qui est produit en fonction de ce qui devrait être, accompagnée de conseils et de valorisation permettant de diminuer les difficultés mises en avant ainsi que  de garder, d’augmenter sa confiance en lui.
Les appréciations doivent être à la portée de compréhension de l’élève. Elles peuvent être imagées mais jamais caricaturales. Le vocabulaire utilisé doit toujours être intentionné, même s’il peut et doit exprimer l’agacement, le ras-le-bol, face à des comportements et seulement des comportements inacceptables. Les termes grossiers sont à éviter, même si je reconnais qu’ils peuvent être efficaces face à certaines situations où l‘enseignant est à bout, mais oralement seulement et sans être insultant car une appréciation ne doit jamais au grand jamais devenir une insulte !
Les appréciations peuvent donc être écrites ou orales, concernant des attitudes de respectabilité, de travail  et des capacités.
Il faut expliquer dès le début de l’année scolaire dans le temps dédié à cela, ce qu’est une appréciation, sa différence avec une sanction et qu’elle fait partie du quotidien de tout travailleur. Qu’elle est une critique constructive de tâches exécutées, de comportements  parce qu’elle est accompagnée de conseils. Qu’elle met peut-être en avant les erreurs, mais que tout le monde fait des erreurs et donc, le but d’une appréciation est aussi de permettre à tout individu d’apprendre de ses erreurs et de celles des autres, afin de ne pas les renouveler.
Une appréciation ne peut se nourrir de l’à-peu-près. Il en va de la probité de l’enseignant et du respect des élèves à son encontre. Il doit absolument essayer de  lever les doutes la concernant  en questionnant l’élève impliqué en lui demandant directement le pourquoi de ce fait ou alors la commencer par : il me semble, d’après les éléments que j’ai… et terminer par : ….qu’en penses-tu ? Et ainsi, avec tous les éléments recueillis, finaliser l’appréciation en laissant toujours le bénéfice du doute à l’élève. Et ceci pour toutes les appréciations, qu’elles soient orales ou écrites.
Orales, les appréciations seront entendues par toute la classe afin que les erreurs des uns servent aux autres et non pour se moquer sauf cas spécifique ou trop personnel.    Au début, devant cette nouvelle manière d’appréhender l’erreur au sein de la classe, les élèves sont méfiants, je dirais même plus que méfiants. Cette peur d’être jugé, d’être moqué, d’être sanctionné à cause d’erreurs, de difficultés. Et finalement, très rapidement, devant ma bienveillance et mes interventions à chaque jugement ou non respect de l’autre, toute la classe comprend le gain de  mettre en avant les erreurs des uns et des autres et les conseils allant avec, profitables à tous. La fréquence des appréciations grâce, entre autre, à la correction en équipe, permet aux élèves de comprendre l’intérêt de cette manière de faire pour leur progression et l’intégration de réflexes acquis indispensables à l’intégration des compétences et l’acceptent totalement. Elle permet aussi aux élèves de comprendre  tout le sens des mots tolérance, solidarité et entraide. Et si la distinction est bien faite par l’enseignant entre ce qui est personnel et ce qui peut servir aux autres, il garde toute la confiance de ses élèves, et n’est pas vu comme un traitre. J’en veux pour preuve le nombre de fois où des élèves filles, en raison de mon métier d’infirmier, sont venues me poser des questions très personnelles sachant pertinemment que cela restera entre nous. Les élèves savent très bien, grâce aux explications de l’enseignant, aux temps de parole et au fait que les appréciations sont réellement bienveillantes, constructives et non dégradantes, comprendre et accepter ce qui est mis en place dès lors qu’après un temps d’expérimentation, ils se rendent compte des bénéfices apportés sur leur bien-être en cours. Et il est impressionnant de se rendre compte comme ils réussissent à mettre de côté leur amour-propre, à gérer leurs frustrations concernant leurs erreurs, leurs difficultés tout simplement parce qu’elles sont considérées par l’ensemble de la classe comme normales en tant qu’apprenant. Et comme ces appréciations concernent tous les élèves sans exception à un moment donné, ils le vivent comme une réalité positive de leur scolarité en peu de temps.
Passons aux appréciations écrites. Elles sont présentes sur les copies, les bulletins, les livrets scolaires. Elles les marquent au fer rouge. Elles sont la signature de chaque enseignant à travers leur formulation et le vocabulaire utilisé. Et en même temps, elles montrent implacablement leur investissement et  leur manière d’être auprès des élèves ainsi que la vision qu’ils ont de chacun en fonction des attentes qu’ils en ont au niveau des résultats scolaires et des comportements de respectabilité. Et ça, un enseignant ne doit jamais l’oublier ! Il doit donc s’impliquer et s’appliquer à être le plus juste possible en abandonnant les phrases toutes faites, les copiés-collés entre plusieurs élèves,  s’attacher  à argumenter et donner des conseils. Jetés aux oubliettes les : «prenez confiance en vous», «intervenez plus en cours»… Sans  communiquer un seul conseil pour que l’élève puisse y parvenir. A la mer les : «travail satisfaisant, insuffisant, peut mieux faire»… sans expliquer ce qui est pour l’enseignant satisfaisant ou insuffisant dans leur travail et les efforts, les comportements à adopter pour progresser.  A la poubelle les jugements de valeur.
Une appréciation  écrite doit être personnalisée et décortiquer précisément les compétences intégrées ou non, faire apparaitre les difficultés avec tact et bienveillance, les conseils permettant de les surmonter, les progrès, les encouragements et félicitations. Et ceci pour toutes les appréciations écrites.
Exception faite pour les appréciations des devoir notés. J’écrivais sur la copie une appréciation concernant les compétences intégrées, partiellement ou non intégrées. Je rendais les copies, toujours après  la correction en équipe faite pour permettre aux élèves de rester concentrés durant celle-ci, une par une en questionnant l’élève sur ses difficultés, ses incompréhensions par rapport à certaines questions et de ce qu’il pensait de son investissement lors de ce devoir.
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Je finalisais ensuite oralement  mon appréciation grâce aux éléments recueillis de la bouche même de l’élève me permettant ainsi de délivrer une appréciation au plus juste de la réalité en accord avec lui. Cet accord permet d’avoir un impact sur sa prise de conscience concernant son investissement au travail en rapport avec ses difficultés et ses méthodologies, son envie de se donner les moyens de progresser, en sachant bien entendu qu’il ne serait pas seul, que l’enseignant sera présent pour l’accompagner sur le long et difficile chemin de l’intégration de compétences durant toute l’année scolaire.


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