LES
DEVOIRS SURVEILLES
Durant les devoirs
surveillés, toute la posture de coach de l’enseignant est en action. Il intervient sur les savoir-être
du labeur et psychologiques. Il se soucie des élèves et motive ceux qu’il
remarque en difficulté, en abandon, à poursuivre leurs réflexions, à se battre intellectuellement
face aux problèmes qu’il vit. Il peut même écrire discrètement au tableau des
pistes en fonction des difficultés qu’il remarque. Ces devoirs surveillés sont dans la pédagogie
réactive un formidable outil d’évaluation non pas seulement des compétences
mais aussi des ressources mobilisées puisque les élèves sont devant nous et il
serait dommageable pour leur progression de ne pas intervenir et leur laisser
faire n’importe quoi ou du hors sujet juste parce qu’il faut absolument leur
mettre une note. Je n’ai jamais compris l’utilité pédagogique de laisser un
élève ne rien faire pendant le temps du devoir parce qu’il ne comprend pas ou
abandonner par ce qu’il est à la ramasse pour le simple fait de devoir mettre
une note.
Toute évaluation se
doit d’être aussi formative, exception faite des évaluations certificatives
écrites. Mais en ce qui concerne ces évaluations orales, elles doivent obligatoirement posséder un temps de
réajustement par le jury à la fin de l’entretien, pour la simple et bonne
raison qu’il est important que le candidat puisse, grâce à cette critique
constructive, comprendre ses erreurs et ainsi augmenter la probabilité de ne
pas les renouveler. J’ai toujours fonctionné ainsi lorsque j’étais enseignant
avec la plus poussée des bienveillances envers les candidats, que ce soit pour
les Contrôles en Cours de Formation, les oraux du Bac et les examens CAP petite
enfance, que se soit en pratique ou par rapport au dossier d’animation. Cela
n’a jamais engendré aucun problème et à chaque fois ce fut de magnifiques
discussions, quelquefois accompagnées de larmes résultant d’une réaction
légitime à la reconnaissance d’erreurs mais je fus toujours remercié de
contribuer à leur formation par l’intermédiaire de cet examen. Enseigner, c’est
aussi mettre à sa disposition toutes les situations qui vont favoriser les
apprentissages.
LES
APPRECIATIONS
Je peux définir une
appréciation comme une critique constructive du comportement et/ou des
capacités d’un élève. Elle peut être orale ou écrite.
Elle
est l’expression du résultat d’une évaluation qu’elle qu’en soit le
type.
Je parlerai
essentiellement des appréciations dites négatives, c'est-à-dire celles se
référant à une ou plusieurs difficultés de l’élève. Les positives étant
toujours appréciées des élèves et bien moins délicates à formuler. Je dirai juste que l’enseignant ne doit pas en
être avare.
L’enseignant doit
prendre conscience de la portée d’une appréciation sur le ressenti de ses
élèves. Elle ne doit en aucun cas être un jugement. Fini les «tu es fainéant», «tu
n’arriveras à rien ! »… encore trop présents. Elle ne doit donc souffrir aucune subjectivité. Elle doit être
en lien avec une réalité argumentée mais toujours bienveillante car il est
important de montrer à travers elles que l’enseignant ne catalogue pas ses élèves,
qu’il espère toujours qu’à l’aide de son accompagnement, ils vont enfin adopter
les comportements leur permettant de progresser. Lors d’une critique qui peut
être ressentie négativement par l’élève, elle se doit d’être toujours
accompagnée d’une valorisation, de conseils permettant à l’apprenant de garder
espoir en sa progression, et surtout si cette dernière est ressentie comme
blessante par l’élève, que l’enseignant puisse la justifier et lui démontrer
que ce n’était point le but parce qu’elle est accompagnée d’une critique
positive.
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Que cet objectif est de lui faire prendre
conscience de la réalité concernant son comportement ou ses capacités en lien
avec ses comportements afin de permettre sa progression. Bien entendu, une
appréciation dite négative n’est pas forcément une sanction mais par contre une
sanction est forcément une appréciation. Ce qui les différencie ? Le fait
ayant été évalué et engendrant en fonction de son acceptabilité ou non un
impact sur le reste de la classe. Par exemple, un travail non réalisé sans
raison valable est accompagné d’une sanction alors que s’il n’est point exécuté
à cause d’une source de difficulté que l’élève peut énoncer, l’appréciation
s’impose. Comme je l’ai bien spécifié, l’enseignant ne sanctionne pas les
difficultés par contre, il est important de faire une appréciation de ce qui
est produit en fonction de ce qui devrait être, accompagnée de conseils et de
valorisation permettant de diminuer les difficultés mises en avant ainsi
que de garder, d’augmenter sa confiance
en lui.
Les appréciations
doivent être à la portée de compréhension de l’élève. Elles peuvent être
imagées mais jamais caricaturales. Le vocabulaire utilisé doit toujours être
intentionné, même s’il peut et doit exprimer l’agacement, le ras-le-bol, face à
des comportements et seulement des comportements inacceptables. Les termes
grossiers sont à éviter, même si je reconnais qu’ils peuvent être efficaces
face à certaines situations où l‘enseignant est à bout, mais oralement
seulement et sans être insultant car une appréciation ne doit jamais au grand
jamais devenir une insulte !
Les appréciations
peuvent donc être écrites ou orales, concernant des attitudes de
respectabilité, de travail et des
capacités.
Il faut expliquer dès
le début de l’année scolaire dans le temps dédié à cela, ce qu’est une
appréciation, sa différence avec une sanction et qu’elle fait partie du
quotidien de tout travailleur. Qu’elle est une critique constructive de tâches
exécutées, de comportements parce
qu’elle est accompagnée de conseils. Qu’elle met peut-être en avant les
erreurs, mais que tout le monde fait des erreurs et donc, le but d’une
appréciation est aussi de permettre à tout individu d’apprendre de ses erreurs
et de celles des autres, afin de ne pas les renouveler.
Une appréciation ne
peut se nourrir de l’à-peu-près. Il en va de la probité de l’enseignant et du
respect des élèves à son encontre. Il doit absolument essayer de lever les doutes la concernant en questionnant l’élève impliqué en lui
demandant directement le pourquoi de ce fait ou alors la commencer par :
il me semble, d’après les éléments que j’ai… et terminer par : ….qu’en
penses-tu ? Et ainsi, avec tous les éléments recueillis, finaliser
l’appréciation en laissant toujours le bénéfice du doute à l’élève. Et ceci
pour toutes les appréciations, qu’elles soient orales ou écrites.
Orales, les
appréciations seront entendues par toute la classe afin que les erreurs des uns
servent aux autres et non pour se moquer sauf cas spécifique ou trop personnel.
Au début, devant cette nouvelle manière
d’appréhender l’erreur au sein de la classe, les élèves sont méfiants, je dirais
même plus que méfiants. Cette peur d’être jugé, d’être moqué, d’être sanctionné
à cause d’erreurs, de difficultés. Et finalement, très rapidement, devant ma
bienveillance et mes interventions à chaque jugement ou non respect de l’autre,
toute la classe comprend le gain de
mettre en avant les erreurs des uns et des autres et les conseils allant
avec, profitables à tous. La fréquence des appréciations grâce, entre autre, à
la correction en équipe, permet aux élèves de comprendre l’intérêt de cette
manière de faire pour leur progression et l’intégration de réflexes acquis
indispensables à l’intégration des compétences et l’acceptent totalement. Elle
permet aussi aux élèves de comprendre
tout le sens des mots tolérance, solidarité et entraide. Et si la
distinction est bien faite par l’enseignant entre ce qui est personnel et ce
qui peut servir aux autres, il garde toute la confiance de ses élèves, et n’est
pas vu comme un traitre. J’en veux pour preuve le nombre de fois où des élèves
filles, en raison de mon métier d’infirmier, sont venues me poser des questions
très personnelles sachant pertinemment que cela restera entre nous. Les élèves
savent très bien, grâce aux explications de l’enseignant, aux temps de parole
et au fait que les appréciations sont réellement bienveillantes, constructives
et non dégradantes, comprendre et accepter ce qui est mis en place dès lors
qu’après un temps d’expérimentation, ils se rendent compte des bénéfices
apportés sur leur bien-être en cours. Et il est impressionnant de se rendre
compte comme ils réussissent à mettre de côté leur amour-propre, à gérer leurs
frustrations concernant leurs erreurs, leurs difficultés tout simplement parce
qu’elles sont considérées par l’ensemble de la classe comme normales en tant
qu’apprenant. Et comme ces appréciations concernent tous les élèves sans
exception à un moment donné, ils le vivent comme une réalité positive de leur
scolarité en peu de temps.
Passons aux
appréciations écrites. Elles sont présentes sur les copies, les bulletins, les
livrets scolaires. Elles les marquent au fer rouge. Elles sont la signature de
chaque enseignant à travers leur formulation et le vocabulaire utilisé. Et en
même temps, elles montrent implacablement leur investissement et leur manière d’être auprès des élèves ainsi
que la vision qu’ils ont de chacun en fonction des attentes qu’ils en ont au
niveau des résultats scolaires et des comportements de respectabilité. Et ça,
un enseignant ne doit jamais l’oublier ! Il doit donc s’impliquer et
s’appliquer à être le plus juste possible en abandonnant les phrases toutes
faites, les copiés-collés entre plusieurs élèves, s’attacher à argumenter et donner des conseils. Jetés aux
oubliettes les : «prenez confiance en vous», «intervenez plus en
cours»… Sans communiquer un seul conseil
pour que l’élève puisse y parvenir. A la mer les : «travail satisfaisant,
insuffisant, peut mieux faire»… sans expliquer ce qui est pour l’enseignant
satisfaisant ou insuffisant dans leur travail et les efforts, les comportements
à adopter pour progresser. A la poubelle
les jugements de valeur.
Une appréciation écrite doit être personnalisée et décortiquer
précisément les compétences intégrées ou non, faire apparaitre les difficultés
avec tact et bienveillance, les conseils permettant de les surmonter, les
progrès, les encouragements et félicitations. Et ceci pour toutes les
appréciations écrites.
Exception faite pour
les appréciations des devoir notés. J’écrivais sur la copie une appréciation
concernant les compétences intégrées, partiellement ou non intégrées. Je
rendais les copies, toujours après la
correction en équipe faite pour permettre aux élèves de rester concentrés
durant celle-ci, une par une en questionnant l’élève sur ses difficultés, ses
incompréhensions par rapport à certaines questions et de ce qu’il pensait de
son investissement lors de ce devoir.
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Je finalisais ensuite
oralement mon appréciation grâce aux
éléments recueillis de la bouche même de l’élève me permettant ainsi de
délivrer une appréciation au plus juste de la réalité en accord avec lui. Cet
accord permet d’avoir un impact sur sa prise de conscience concernant son
investissement au travail en rapport avec ses difficultés et ses méthodologies,
son envie de se donner les moyens de progresser, en sachant bien entendu qu’il
ne serait pas seul, que l’enseignant sera présent pour l’accompagner sur le
long et difficile chemin de l’intégration de compétences durant toute l’année
scolaire.
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