mardi 12 décembre 2017

La représentation de la pyramide des apprentissages

La représentation de chaque étage

Les chefs-d’œuvre

            Je commence  par expliquer le dernier étage appelé chefs-d’œuvre pour éviter les  interprétations galvaudées à son sujet.

Les chefs-d’œuvre :

                Les chefs-d’œuvre sont le sommet de cette pyramide car ils sont le saint Graal de tout professionnel investi et motivé par son travail. Il tutoie les étoiles lorsqu’il est reconnu comme artiste dans sa profession. Ces chefs-d’œuvre demandent du temps et de la persévérance. Ils devraient être un aboutissement non pas réservés à une élite mais possible à  tous les professionnels, compensant les soi-disant faiblesses de leurs capacités intellectuelles par la mobilisation de ressources développées tout au long de leur formation. Parmi les ressources, l’expérience professionnelle est prépondérante pour le réaliser. Qu’elle provienne de notre expérience ou de celle des autres professionnels que nous nous sommes empressés d’enquérir. L’autre est un compagnon indispensable à toute progression à partir du moment où les ressources de l’apprenant lui permettent d’être à l’écoute et d’avoir intégré assez de connaissances fondamentales pour être apte, à partir d’un argumentaire, à prendre pour légitime ou non les recommandations qui lui sont faites. C’est l’esprit critique.

 Une réalisation parfaite est une tâche professionnelle exécutée à partir du moment où le professionnel dispose de toutes les compétences et mobilise la rigueur, l’exigence, les investissements humains indispensables, donc toutes ses ressources pour sa concrétisation en tenant compte des impondérables.

                    Je sais bien qu’en ce qui concerne le mot parfait, j’aurai toujours des détracteurs. Mais, même si j’utilise les mots : impeccable, accompli, irréprochable… , ils seront toujours présents car il y aura toujours des personnes prêtes à critiquer votre travail, à chipoter pour des imperfections visibles seulement par elles, qu’elles soient parfaites ou impeccables ou accomplies ou… pour des raisons d’égo, de jalousie, de pouvoir et je ne sais quoi encore. Je l’utilise parce qu’il représente une image positive d’exigence qui devrait prévaloir pour toute tâche professionnelle que l’on soit ouvrier, artisan, chirurgien, avocat, infirmier, enseignant… Comme s’il s’agissait d’une intervention chirurgicale dont vous êtes le patient en tenant compte bien entendu des difficultés que pourrait rencontrer le chirurgien, indépendantes de ses compétences et de ses ressources mobilisées.
               Pour l’apprenant, cette réalisation parfaite représente la mobilisation de toutes ses ressources lui apportant une probabilité élevée de réussir ce qui lui est demandé lors de chaque séance.

          Dans le processus d’atteinte de la réalisation parfaite, il faut donc différencier les impondérables, l’erreur et la négligence.

Les impondérables sont des faits réels empêchant l’atteinte de la réalisation parfaite qui ne peuvent être attribués au professionnel. Il  s’adaptera pour en produire une le plus parfaitement possible en les contournant.

L’erreur est un fait non intentionnel par défaut de mobilisation de ressources.  

La négligence est soit une impossibilité par surestimation de ses compétences ou de ses capacités, soit une non volonté de parvenir à la réalisation parfaite.

                    Pour la matérialisation de cette pyramide, je me suis appuyé sur le  compagnonnage, la  formation de la réalisation parfaite avec la création matérialisée d’un chef-d’œuvre, premier d’une longue série. Et chaque tâche professionnelle se devra d’être un chef-d’œuvre d’où sa mise au pluriel. Et tout professionnel devrait se donner les moyens de  devenir compagnon, car chaque individu n’exige-t-il pas du professionnel qu’il emploie ou consulte une réalisation parfaite ?

Une réalisation parfaite nécessite :
-En premier, un respect des collègues et/ou des clients, de la motivation à la réaliser, de l’implication, de l’application, donc de l’investissement personnel, un bien être psychologique. Ce sont les savoir-être.

-En deuxième, l’intégration de savoirs fondamentaux favorisés par un savoir-être adapté permettant l’intégration d’autres compétences et la mise en pratique par transcription.

-En troisième, une réflexion méthodique permettant d’adapter la mise en pratique par transcription à différentes situations pouvant être rencontrées mais pas  forcément enseignées, permettant elles aussi l’intégration de nouvelles compétences.

-En quatrième, de mettre en œuvre dans le réel toutes les compétences intégrées lors de projets, de stages et d’en intégrer d’autres à partir de ces expériences dignes d’un professionnel.

-En cinquième, obtenir à partir de l’intégration de toutes les compétences indispensables associées à la mobilisation de toutes les ressources nécessaires la réalisation parfaite.

                      Les chefs-d’œuvre représentent donc l’amour du travail bien fait, le professionnel artiste. Ce niveau d’exigence n’est point demandé aux élèves durant leur formation car très peu d’entre eux possèdent toutes les capacités et les ressources pour produire un chef-d’œuvre à chaque travail imposé, surtout à cause du manque d’expérience et de la diversité des disciplines. Par contre, l’enseignant lui demandera  un investissement en rapport avec ses ressources afin de se donner les moyens de réussir au mieux ce qui lui est demandé et ainsi intégrer les réflexes acquis indispensables aux réalisations de chefs-d’œuvre une fois devenu professionnel. Ces chefs-d’œuvre représentent donc pour l’apprenant les tentatives de réalisation d’un  travail bien fait.



Les savoir-être

Les savoir-être se définissent comme l’ensemble des comportements adaptés à une situation. Ce sont les fondations de tout apprentissage car ce sont eux qui vont permettre la mobilisation des ressources et des capacités intellectuelles responsables de l’intégration des compétences nouvelles. Ils sont de 3 types que j’ai nommés ainsi :
-          Les savoir-être de la respectabilité
-          Les savoir-être du labeur
-          Les savoir-être psychologiques
 
Les savoirs-être de la respectabilité :

Ce sont tous les comportements indispensables au respect des autres, à la socialisation, à l’intégration sociale donc professionnelle. Ils facilitent la vie collective et empêchent les stigmatisations, les jugements tout faits, vecteurs de trop nombreux mal être. Ils représentent l’égalité entre tous les apprenants et le respect d’une hiérarchie statutaire, c'est-à-dire inhérente au statut social de chacun. Quoi qu’on en dise, il n’y a pas égalité entre un enseignant et un élève, entre un infirmier fraîchement diplômé et un autre arborant 20 ans de métier. Le respect d’une hiérarchie sociale est indispensable au bon fonctionnement d’un collectif non pas basé sur la richesse financière ou l’appartenance à un quelconque groupe mais simplement relié à l’expérience. Et évidemment, le supérieur hiérarchique n’abusera aucunement des pouvoirs conférés par son statut. Et il n’espérera qu’une seule chose : qu’un jour le formé dépassera le formateur grâce à la transmission de ses savoirs nés eux aussi d’apprentissages, d’expériences professionnelles et personnelles.

Les savoir-être du labeur :
Ce sont tous les comportements indispensables à l’amour du travail bien fait : motivation, implication, application.
La  vision de progression grâce à la répétition en est leur carburant. Une répétition sur du court terme et flottante, c'est-à-dire comportant des variations, permet d’éviter les lassitudes et les frustrations nées de non progressions  et de similitudes. Mais la répétition est indispensable à l’intégration des compétences quelles qu’elles soient, tel l’étudiant infirmier qui posera un maximum de cathéters veineux durant son stage, seul moyen de lui apporter l’expérience et la maîtrise gestuelle et psychologique indispensables à leur pose lors de situations extrêmement compliquées et anxiogènes, en favorisant l’intégration des réflexes acquis et de l’esprit critique.
          Les savoir-être du labeur requièrent l’utilisation d’outils indispensables comme l’organisation de sa réflexion, l’utilisation d’un brouillon, la recherche de connaissances ou de matériels, des méthodes d’apprentissages apportant implication et application mais ils sont surtout dépendants de la motivation à faire quelque chose. L’absence de motivation n’est pas seulement une question d’envie dans le sens «je ne le veux  pas » de la part de l’individu, mais aussi une question de possibilité en lien avec ses capacités intellectuelles et ses ressources psychologiques mobilisables à ce moment-là que j’appelle les savoir-être psychologiques.

Les savoirs-être psychologiques  ou ressources:

                 Ce sont les comportements mobilisés par un individu lui permettant de se motiver, de surmonter les difficultés et les échecs, de se déstresser. L’ensemble de ces savoir-être est communément appelé le mental.

                Ils ne dépendent pas seulement des enseignements mais aussi du vécu et de la vie des individus. Ils sont donc variables en fonction des situations et de l’instant T.

Ils nécessitent une vision positive des actes à réaliser ainsi qu’une confiance en l’accompagnant pour favoriser le dépassement, même minime, de ses difficultés.

Ils ne sont pas réservés aux seuls psychologues, psychiatres, éducateurs spécialisés, psychomotriciens. L’enseignant joue un rôle prépondérant dans l’intégration des savoir-être psychologiques en ne cherchant pas à résoudre les troubles psychologiques mais en favorisant la diminution du stress né de ces troubles car il est lui-même, par ses attitudes, ses demandes, ses exemples… vecteur de stress soit directement soit indirectement, parce qu’il fait ressurgir certaines situations traumatiques et douloureuses ou tout simplement parce qu’avec ses demandes, il met l’élève en difficulté ou en rébellion. 
             L’apprenant n’est pas une machine qui ne fonctionnera pas ou mal à la moindre mauvaise manipulation, mais un individu qui possède une mémoire, des besoins, un vécu plus ou moins traumatique psychologiquement et dont la moindre action préjudiciable  à son encontre peut être un frein à son développement intellectuel, son envie d’apprendre et d’adopter les comportements adéquats a sa  scolarité et sa vie sociale : un être humain qui a besoin d’être en bien-être ou en mieux être pour apprécier d’être à l’école.

    Une action préjudiciable se définit comme un acte à l’encontre d’une personne qui ne serait argumenté ou dont les arguments sortent du cadre imposé par  le  champ d’action du professionnel, ou bien un acte portant atteinte intentionnellement à son intégrité physique et psychologique ! 
D’où l’importance d’informer les élèves et leurs parents, dès le début de l’année scolaire, sur les exigences liées à la scolarité pour que tout acte cohérent ne soit pas vécu comme préjudiciable.

  Finalement, tout individu dans sa vie sociale et professionnelle sera submergé de contraintes, vecteurs de stress dont il  ne pourra se soustraire.
Il ne pourra en adopter les codes, les comportements adaptés à ces contraintes, qu’à partir du moment où son stress engendré par cette situation diminuera. A partir de cet état de fait, la posture principale à adopter en tant que formateur, enseignant, devenait une évidence : la posture de coach, accompagnant à  la gestion du stress.

             Je définirai la posture de coach comme celle de l'accompagnement de tout apprenant  à prendre conscience  des ressources a intégrer et a mobiliser en fonction de ses capacités et compétences  afin d' atteindre les  objectifs demandés par sa scolarité

                   J’emploie le terme mental car c’est le terme le plus couramment utilisé dans le coaching. On peut le définir dans l’enseignement comme l’ensemble des capacités intellectuelles et des adaptations psychologiques permettant à tout individu d’atteindre des objectifs adaptés à ses capacités quelles que soient les situations rencontrées. 

 Cet investissement à faire que l’usager réussisse à progresser, malgré les difficultés et les échecs est primordial dans le métier d’enseignant. La posture de coach n’est surtout pas une posture miraculeuse, mais à travers la reconnaissance  par les élèves et leurs familles de cet investissement, elle engendrera un respect, une confiance en lui, qui par effet boule de neige se répercutera sur les motivations à progresser de chaque élève. Tel un médecin, un infirmier, qui malgré le décès de son patient sera remercié par la famille d’avoir tout tenté ou de l’avoir laissé quitter notre terre sereinement, remerciant non pas l’échec inéluctable mais leurs investissements dans l’accompagnement vers le mieux être de la  personne en dépit ce cette situation inévitable. Ou bien  les investissements de ces professionnels apportant une amélioration aux niveaux physiques, psychologiques et sociaux chez toute personne atteinte de problèmes de santé. 

     Je sais très bien que pour une majorité d’enseignants, je suis débile rien que d’employer le terme de coach. Très peu semblent avoir envie de se l’approprier, d’imaginer cette posture comme  faisant partie intégrante de leur profession.  Mais alors s’il faut être débile pour mener à bien ses missions auprès des élèves, je préfère alors ne pas être sain d’esprit et assumer pleinement donc  le fait de l’être. 
      Il est vrai que je n’apprécie pas ce mot en tant que tel, mais je n’ai trouvé aucun mot français intégrant tout ce que représente le mot coach en anglais à mes yeux. Le coaching est essentiel car il amène l’apprenant à pendre conscience des comportements qui freinent ses apprentissages et son bien-être social pour, en lui donnant les outils, être capable par lui-même de progresser et d’atteindre les objectifs qui lui ont été fixés, en fonction de ses capacités. L’élève n’est ainsi pas noyé dans un collectif, mais bénéficie aussi d’une pédagogie et d’une éducation adaptées et individualisées lui permettant d’exister en tant que personne appartenant au groupe classe, et qui aura la possibilité d’atteindre les mêmes compétences que ses petits camarades. Il n’est pas relégué dans un coin de la classe en attendant que le cours finisse, comme cela est trop souvent le cas ! Et il donne aux meilleurs d’entre eux la motivation de ne pas se reposer sur leurs lauriers !

        Travailler auprès de personnes souffrant de trouble envahissant du développement, nouveau terme pour désigner les personnes autistes,  fut aussi pour moi une vraie révélation sur ce qu’était la vie, à travers leurs réactions décuplées par rapport à une personne sans handicap, à cause de leur stress quasiment permanent. Quand je les côtoyais, je donnais cette définition de leur vie et donc de la notre. La vie, c’est être stressé. Un stress qui peut varier en fonction des situations, du vécu… Un stress  qui ne demande qu’à apprendre à être géré pour atteindre le mieux être ou le bien-être psychologique.
      Le bien-être psychologique, c’est n’avoir aucun stress, le mieux être psychologique, diminuer son stress. J’entends aujourd’hui tout le monde se plaindre du stress alors que ne plus avoir de stress, c’est peut-être l’état de bien-être, très difficile à obtenir, ou alors ponctuellement, mais c’est surtout la mort. Donc être stressé lors de certaines situations est une confirmation que nous sommes bien en vie. Et c’est aussi une preuve de notre envie car n’avoir aucun stress peut aussi  signifier «je m’en fiche».

       L’accompagnement  à la gestion du stress est donc prépondérant dans toute approche pédagogique et éducative car comment demander quoi que ce soit à une personne dont l’état de stress intense est permanent ?  Vous devez d’abord commencer à  le diminuer, et une fois en mieux être, il sera apte à vous écouter, la première étape indispensable à tout apprentissage ou réponse adaptée à une demande.
 Car  ne croyons surtout pas que pas que satisfaire à toutes les exigences est la réponse adaptée à leur bien-être ou leur mieux être. Françoise Dolto vous répondrait qu’il ne le faut surtout pas, que le non est indispensable à la construction de son bien-être psychologique et que ne pas être confronté à la frustration du non ou de la contrainte, empêche leur gestion des frustrations donc celle du stress. Satisfaire continuellement aux exigences est donc générateur de stress encore plus intensément, et engendre en réaction des comportements inadaptés voir même pathologiques aux exigences sociales. Il faut être capable de lui démontrer que cette action qui lui est imposée, génératrice de stress au départ, lui apporte un mieux être voir même un bien-être à plus ou moins long terme. Elle commence à devenir  plaisante pour lui. Il n’en sera capable qu’à partir du moment où vous lui avez démontré qu’il peut vous faire confiance en étant présent lors de ses phases de stress intense, pas seulement en l’obligeant mais aussi en le valorisant sur ses aptitudes à y parvenir. 

     Quand l’enseignant comprend qu’un comportement est une attitude volontaire ou involontaire, consciente ou inconsciente, qu’il  est  un réflexe dépendant  d’apprentissages, d’expériences, de traumatismes ou de blessures douloureuses, d’un bien-être ou d’un mal-être, il se rend compte de son rôle dans l’acquisition de ce savoir-être et ne peut donc le négliger. La vie, surtout celle d’apprenant, est un conglomérat de contraintes stressantes qu’il faut savoir apaiser par l’apport au milieu de toutes ces contraintes, de libertés et de plaisirs, le  yin et le yang de la formation.

       L’intégration de ces savoir-être impose aux enseignants et aux intervenants (CPE, assistants d’éducation, proviseurs, infirmiers scolaires, psychologues et parents) un travail d’équipe. Une harmonisation des pratiques éducatives et pédagogiques respectées par toutes les personnes concernées est la nécessaire condition non pas à un endoctrinement, un conditionnement, mais au contraire à la mise en place de repères et du respect des enseignants favorisant l’intégration de ces savoirs-être.







Les connaissances fondamentales

        J’entends par connaissances fondamentales, les savoirs et savoir-faire indispensables à la compréhension des apprentissages à venir. Ils sont donc en perpétuel mouvement, grossissant continuellement le cartable des compétences intégrées permettant un cheminement serein dans les méandres de tout apprentissage. Le socle commun mais aussi l’étymologie propre à chaque discipline en font partie.

           Au vu de leur nombre, je ne les listerai pas.  Je n’en détaillerai donc que quelques uns afin de faire comprendre l’importance de ces savoirs fondamentaux dans la poursuite d’apprentissages et les rôles essentiels de l’enseignant dans leur intégration.
     Premier rôle, les avoir repérés et donc mettre en place des méthodes pédagogiques facilitant leur intégration auprès de chaque élève.
      Deuxième rôle, tout aussi essentiel, donner à l’apprenant lors du constat de leur non intégration et ceci à tous les âges et dans toutes les classes, à nouveau les moyens de les intégrer.

         Ils peuvent être différents selon les disciplines et le cursus scolaire, mais aussi complémentaires surtout au niveau des savoir-faire. Leur non intégration est un frein immense à l’intégration d’autres compétences. Il est effarant de se rendre compte du nombre impressionnant de savoirs fondamentaux non intégrés par les élèves français. Je n’en citerai que trois en exemple : l’orthographe, les tables de multiplication et division, t la qualité de l’expression écrite et orale.

 Ces non intégrations ont pour origine  l’abandon de la répétition. Et oui il est nécessaire de répéter pour intégrer, recommencer jusqu’à l’intégration. Aujourd’hui, ces deux termes sont devenus tellement péjoratifs et tellement aliénants, synonymes de conditionnement, de débilisation de l’élève pour une majorité de l’ensemble des intervenants, que tout le monde en a profondément oublié l’instinct primitif qui cohabite avec le besoin d’évolution chez  l’être humain, rendant obligatoire la répétition des gestes, des actes pour intégrer. 

      Et oui, il n’y a aucun mal, au contraire,  à faire réapprendre ce qui n’est pas su, à faire refaire tout travail non abouti, à réexpliquer, réexpliquer, réexpliquer ce qui n’est pas compris tout en changeant de méthode entre temps selon les besoins. 

      Toutes mes expériences professionnelles, que ce soit en tant que formateur auprès des stagiaires aides-soignants, infirmiers…, auprès d’élèves en lycée et lycée professionnel, en soutien scolaire du CP à la 3ème ou auprès d’étudiants préparant les concours sanitaires et sociaux, m’ont convaincu de l’obligation de l’utilisation de la répétition réinventée jusqu'à l’intégration et de l’obligation de  donner les moyens à l’élève de combler ses manques lorsque l’enseignant s’en aperçoit. Ne pas faire comme si c’était trop tard ou impossible à surmonter. 

      La répétition intelligente  est mon cheval de bataille. Le grand nombre de progressions, de réussites obtenues auprès de tous les publics que j’ai eu à former est tellement fabuleux grâce à elle, que je ne m’en lasse pas. Accompagnés du travail d’explication en amont, de la posture de coach, de  l’accompagnement aux difficultés et à la gestion du stress, les apprenants se rendent compte de leur progrès et  augmentent leur confiance en eux, et y adhèrent très rapidement et ceci à tout âge. Elle devient rapidement une évidence pour eux, un réflexe acquis. Répéter au cours d’une séquence, d’une séance, de l’année mais aussi d’un certains nombre d’années, l’intégration des compétences passe par ce chemin qui parait lisse, nu, sans intérêt mais guidé avec intelligence et différenciation, permet qu’apparaissent au fur et à mesure  les paysages de la confiance en soi, de la réussite, de la  progression, de l’appartenance à une équipe, de la compréhension, de la gestion de ses peurs, de l’autonomie, de la responsabilité… 

    Car finalement ce n’est pas forcément ce qui parait avoir le plus d’intérêt qui se trouve être valorisant mais ce que l’élève réussit ou commence à réussir en tenant compte de ses capacités et ressources. D’où l’obligation d’intégrer les connaissances fondamentales pour aller de l’avant, pour ne pas décrocher et pour cela, seule la répétition est efficace car très peu d’apprenants sont capables d’intégrer dès la première fois. 

     Pour se faire, l’enseignant doit être capable de se réinventer afin que cette répétition ne soit pas lassante pour les élèves mais au contraire motivante, qu’elle devienne un jeu, une source d’épanouissement personnel. Pour se faire, l’enseignant se doit de mettre en évidence durant ses cours  ces savoirs fondamentaux. Mais aussi, un des principaux moteurs du bien-être au cœur des apprentissages est de ne pas cumuler les  insuffisances et les manques disciplinaires, il est donc important pour cela d’en limiter la survenue au sein d’une même séquence afin de faciliter leur intégration pour le cours suivant. Mais  aussi lors de chaque nouvelle séance, d’évaluer l’intégration des  compétences indispensables à celles à venir afin de mettre en place des pratiques adaptées à chaque élève pour leur intégration avant de commencer le nouveau chapitre.


Les réflexions positives

           Les réflexions positives sont tous les questionnements et leur organisation  insufflant aux apprenants les énergies de la compréhension et de la résolution de problèmes.

           Grandir, c’est se poser des questions. Tout élève se doit de réfléchir avant d’agir, de faire des recherches levant  ses incompréhensions et non pas comme je l’observe depuis longtemps, répondre le plus rapidement possible à la question pour en avoir terminé le plus rapidement possible. Le système scolaire est totalement basé sur la rapidité de faire les choses :

-La rapidité de corriger les exercices, les devoirs : preuve en est que l’on donne de plus en plus de polycopiés ou même parfois aucune correction.

-La rapidité des réponses orales : si l’élève donne une réponse fausse, l’enseignant interroge un autre élève sans le mettre en capacité de se rendre compte du pourquoi de sa réponse non advenue.

-La rapidité de temps accordé aux exercices en cours bien insuffisant pour permettre aux plus en difficultés d’aller au bout de leur réflexion, ce qui entraînera chez eux, petit à petit, une démission de leur envie de réfléchir, puisque quasiment à chaque fois, ils sont coupés en pleine réflexion.

-Une  quantité d’informations à ingurgiter, enchainées tellement rapidement durant toutes les séquences d’une année scolaire, ayant comme principal objectif d’avoir terminé un référentiel surchargé pour la fin de l’année scolaire. Elles ne laissent que peu de place aux questionnements exprimés ou intérieurs indispensables à toute compréhension.

-Ne pas avoir le temps de faire les recherches permettant de répondre à leur questionnement, la réponse étant souvent donnée par l’enseignant, lorsque cela prend trop de temps à son goût 

        Il est indispensable pour que cette réflexion positive devienne un réflexe acquis, de multiplier ces temps de réflexions et de questionnements, mais aussi de laisser aux apprenants  un temps de réflexion et de recherche  leur permettant d’aboutir à un résultat positif, qu’il puisse l’exprimer oralement ou par écrit grâce au brouillon  pour leur permettre de l’améliorer mais surtout l’organiser. 

          Combien de fois ais-je observé nombre de mes élèves ne sachant même pas faire le lien entre les exercices proposés et le cours, commencer un exercice sans se poser la question de l’éventualité des connaissances nécessaires à mobiliser pour le réussir, ne même pas être capables en terminale de faire le lien entre la question posée et les réalités de la vie dont ils ont connaissance, répondre à une question sans la comprendre, ne même pas essayer de réfléchir car de toute manière il n’y arrivera pas…

   Les élèves doivent intégrer que toute action demande de la réflexion. Que  réfléchir demande du temps, de l’expression, des essais, des échecs, une organisation. Que la réflexion forge l’esprit critique indispensable à leurs évolutions culturelles, sociales et professionnelles. Il  est donc indispensable que  les enseignants laissent plus de temps aux apprenants en cours pour finaliser leur réflexion, les accompagner à l’organisation de celle-ci en leur permettant de l’exprimer spontanément ou par demande, et de valoriser la recherche d’informations.

Alors quand pensez-vous?


Les inclusions au réel

                     L’inclusion au réel est la participation active des apprenants à la réalité du monde professionnel, culturel, sportif, extrascolaire, soit par la mise en œuvre de projets, de pratiques, de sorties, ou par la rencontre avec des professionnels, des bénévoles spécialisés par l’intermédiaire d’interventions, d’expositions, de colloques, de visites d’établissements…

              Elle s’inscrit dans la participation de l’apprentissage à la vie sociale, à la vie active, à la vie culturelle. En font partie aussi bien les expériences pratiques identiques au réel  lors des cours, que les sorties culturelles (théâtre, cinéma, expositions, musée, rencontres sportives…) ou tout projet réalisé en classe ayant une finalité à être proposé aux personnes extérieures au lycée : pièce de théâtre, blog, auto-entreprise, chorale, concours, voyage pédagogique…

     Et ceci dès le primaire. J’ai en exemple la réalisation par des élèves de primaire de panneaux incitant les conducteurs à rouler en dessous de 50 km/h disséminés tout le long du village. Une excellente idée. Et j’imagine la joie et la fierté des élèves lorsqu’ils passent devant ces panneaux avec leurs parents, leurs familles, leurs amis ! Tous les projets que j’ai menés avec mes élèves furent une réussite autant en terme d’investissement, de travail en équipe, de recherches, de découvertes, de sensibilisation, de gestion du stress, de l’erreur, voire de l’échec, d’exigences, d’intégrations et de mobilisation de compétences tout simplement parce qu’ils allaient être vus par des personnes extérieures, des personnes dont le jugement avait une importance plus que significative à leurs yeux. 

       Ils leur permettent aussi de faire face à la pression de la réussite aux yeux d’un public, et donc d’apprendre à la gérer avec la multiplication des projets au cours de leur scolarité et de leurs apprentissages. Amener les élèves à mobiliser toutes leurs compétences tout en favorisant l’intégration d’autres à partir de la découverte, de la participation ou de la réalisation d’un travail concret, est un formidable outil pédagogique dont il serait totalement absurde de se passer. L’éducation nationale se doit de donner le temps et les moyens pour permettre l’inclusion au réel comme pratique pédagogique en favorisant les sorties culturelles, la réalisation de projets en lien avec l’extérieur, la participation à des concours surtout dans les  filières professionnelles, comme par exemple les olympiades des métiers ou d’autres du même genre.

        A partir de l’inclusion réelle, je milite pour un minimum de 5 sorties par an, d’un voyage pédagogique ou d’un projet par classe chaque année.
La question du financement de ces inclusions au réel est aussi un moyen de participation des élèves à la mise en place d’activités comme des soirées, des  lotos, des  tombolas qui seront elles aussi par conséquent des inclusions au réel et participeront de plus à la vie de l’établissement en dehors du temps de cours, en incluant les parents et les familles.
       Pour favoriser l’inclusion au réel, je propose un emploi à temps plein d’assistant d’éducation par établissement accompagnant aussi bien les enseignants lors des sorties que lors des temps de réalisation de projets. J’ai toujours été obligé de les limiter  par faute d’accompagnateurs et par conséquent, je n’ai pu que rarement mettre en place tout ce que je savais indispensable à la formation et à la progression de mes élèves, ce  qui devint une terrible frustration vers l’atteinte des chefs-d’œuvre.






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