LE
COURS
Pour les non initiés, un
temps de classe, donc un cours est appelé une séquence, l’ensemble des
séquences formant un chapitre, un thème est appelé une séance et l’ensemble des
séances de l’année scolaire reprenant le référentiel c'est-à-dire le programme
annuel par discipline imposé par l’éducation nationale, nommé une progression
que j’appelle programmation. La
progression reste pour moi un terme réservé aux élèves. Je n’ai jamais
compris l’utilisation du terme progression pour l’annualisation du référentiel
en lien avec nos heures de cours. Le mot progression est réservé aux élèves ! Notre
programmation dépend de la progression de nos élèves.
Je ne parlerai pas de la
méthode de préparation d’un cours, car le plus important finalement est ce
qu’apporte le cours dispensé par
l’enseignant aux élèves, s’il leur permet avec plus ou moins de facilité,
l’intégration des compétences définies par le référentiel. L’atteinte des
objectifs d’un cours sont liés à la méthode de préparation de ce dernier par
chaque enseignant mais ils n’en sont ni
dépendants, ni uniques. Cette méthode et ce temps de préparation dépendront surtout de l’expérience, des
connaissances, du vécu, de la personnalité de l’enseignant et de sa motivation
à le rendre le plus vivant et compréhensif possible. Et pour cela, pas besoin d’imposer une méthode complexe demandant
un temps de préparation hallucinant, éloignant l’enseignant des besoins et des sources de difficultés de l’élève pour
l’intégration des compétences, en extrapolant des théories, des méthodes qui
finalement se retournent contre lui. L’élève n’est pas plus impliqué et finalement plus à la dérive que lorsque cette
méthodologie n’était pas imposée par les inspecteurs, car elle ne s’appuie ni
sur l’intégration du savoir-être, ni sur l’intégration des connaissances fondamentales, ni sur le temps de réflexion
positive, ni sur un temps d’inclusion réelle, ni sur l’amour du travail bien
fait donc sur pas grand-chose de ce qui fait la pyramide des apprentissages. Simplement
sur une vision que j’appellerai administrative de l’enseignement.
Je ne parlerai donc pas de séquence, de séance, de programmation
car elles dépendent avant tout des disciplines, de l’enseignant, des capacités
et des ressources des élèves, mais je
parlerai des comportements et des méthodes de l’enseignant lors de la
transmission des connaissances fondamentales. Ce qu’on appelle donc communément le cours. Ils
seront le complément de tous ceux explicités en amont !
Il est important de
prendre conscience en tant qu’enseignant de la portée du rythme, de notre
présence je dirais scénique et de la lisibilité facilitant les compréhensions
aussi bien de nos interventions que de leur prise par écrit des apprenants. Et surtout que l’objectif
principal est sa compréhension, et non de rattraper ou ne pas prendre de retard
par rapport à une programmation ou un référentiel. Il est donc primordial
durant un cours :
-De l’adapter aux
capacités et ressources de ses élèves en ne cherchant pas coûte que coûte à
coller à sa programmation qui n’est qu’une prévision et non une obligation.
-De responsabiliser les
élèves en fonction de leurs âges, de leurs capacités et ressources.
-D’instaurer
l’étymologie disciplinaire comme savoir fondamental.
-D’instaurer un rythme
permettant la compréhension de tout ou
partie du cours lors de la séquence.
-D’instaurer des temps
de questionnements de l’enseignant par les apprenants.
-De ne pas accumuler
trop de connaissances nouvelles rendant leur intégration pour le cours suivant
difficile. Les espacer par des travaux imposés, des débats les mobilisant.
-De simplifier l’organisation
et la rhétorique de son cours théorique au maximum pour faciliter sa
compréhension, son écriture par les élèves mais aussi pour garder du temps pour
les exercices pratiques, les questionnements et les corrections.
-Définir avec
simplicité les termes fondamentaux en mettant l’accent sur les mots-clés essentiels
les constituant.
-Inclure par moment un
vocabulaire développé en leur faisant écrire entre parenthèses un synonyme plus
facilement compréhensible participant ainsi à l’enrichissement de leur
vocabulaire.
-D’éviter au maximum
les photocopies sauf pour les travaux imposés sachant qu’écrire participe à
l’intégration et à la compréhension des nouveaux savoirs en instaurant une
certaine attention et concentration.
-De les accompagner
dans l’écriture du cours en leur conseillant de sauter des lignes, d’aller à la
ligne, écrire en catalogue, surligner… parce
que la lisibilité et l’organisation de leurs écrits sont indispensables
lorsqu’il s’agit de travailler avec ou d’apprendre ce qui est écrit.
-De surveiller le
support écrit soit en les ramassant jusqu’au collège ou en les visualisant lors
de passages à leur côté au lycée.
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-D’évaluer constamment
les connaissances fondamentales et d’être capable d’adapter son cours ou de
proposer un travail à la maison permettant leur intégration par les apprenants
concernés.
-De faire ressortir les
termes importants, leurs définitions, toutes les connaissances fondamentales en
ne les noyant pas dans un phrasé interminable et incompréhensible pour eux.
-D’apporter ou de
reprendre les connaissances fondamentales indispensables à une réflexion
positive et non chercher les connaissances fondamentales à partir de réflexion
car cette méthode conduit à la non réalisation du travail imposé et un
désintérêt de ces connaissances par abandon pour difficultés trop importantes.
Cette méthode est à réserver aux élèves ayant les capacités mais pas à
l’ensemble de la classe.
-De saisir les
opportunités incitant les élèves à aller voir plus loin que ce qui est proposé
en cours. Aujourd’hui avec internet, le cinéma, les offres culturelles et les
livres toujours présents, l’élève n’a que l’embarras du choix, il incombe à
l’enseignant de lui donner envie de chercher.
-D’éviter de donner les
réponses mais les inciter à les trouver par l’intermédiaire d’indices, de temps
de recherche.
-S’inquiéter de la
réalisation des travaux imposés durant le cours sauf ceux dédiés à la responsabilisation de l’élève.
-Toujours lors de
travaux imposés, ajouter une question supplémentaire non obligatoire permettant
de laisser plus de temps aux élèves en difficulté et laissant une autonomie
pour ceux ayant terminé plus tôt, avec comme objectif à court terme que tous
ceux qui ont terminé plus tôt y répondent.
-Mettre en place des
temps de travaux imposés sous la seule responsabilité des apprenants qui seront
ensuite ramassés avec leur brouillon afin de
mettre en évidence leur degré de motivation à le réaliser correctement.
Et surtout leur faire comprendre qu’ils
ne travaillent pas pour des notes ou pour le prof, mais pour intégrer les
compétences indispensables à leur projet professionnel donc qu’ils travaillent
pour eux.
-De leur permettre quelquefois
durant l’année de choisir eux-mêmes la manière dont seront abordées les
compétences à intégrer.
-D’utiliser You Tube
comme complément avec ses innombrables vidéos. C’est un formidable outil
pédagogique qui permet d’illustrer n’importe quel cours.
-Toujours favoriser
l’expression orale en répondant à leurs questions. Il n’existe pas de questions
idiotes à proprement parler, car elles montrent une volonté de s’exprimer même
si c’est pour se rendre intéressant. A l’enseignant de répondre avec répartie,
incitant l’élève à s’exprimer pour montrer sa capacité d’esprit plutôt que de conneries.
-Mettre en place des
travaux, des exercices en groupes de 2 ou 3. Certaines fois, les élèves peuvent
choisir leurs compagnons en fonction de leurs affinités et d’autres fois les
groupes sont imposés sans aucune possibilité de négociation pour apprendre à
travailler avec tout le monde et souder le groupe classe.
-Durant les cours en
classe réduite, un élève par table de 2 sauf bien entendu lors de travaux de
groupe.
L’organisation
des cours
L’organisation des
cours se doit d’être ambitieuse pour nos élèves en favorisant l’élitisme et le
soutien tout en sachant très bien qu’il est important de garder dans les
classes une mixité des capacités des apprenants favorisant l’esprit d’équipe et
la mixité sociale. Pour cela, il est déjà nécessaire de constituer les groupes lors des temps de classe dédoublés en
fonction du niveau des élèves. Malheureusement les groupes sont constitués en
fonction de deux critères : l’emploi du temps des professeurs et le fait
de séparer les élèves posant problème en classe entière.
Je suis certain qu’il
est important pour les élèves d’une même classe ayant à peu près les mêmes
capacités d’avoir des temps ensemble, permettant à l’enseignant de ne pas en
freiner certains à certains moments et en dégoûter d’autres à d’autres moments
et de valoriser la collaboration. Le temps de classe en groupe est idéal pour développer la
collaboration entre élèves et casser ce sacro-saint principe de la soi-disant
égalité devant les études. L’égalité scolaire est de permettre à tout élève
d’acquérir les compétences indispensables à la réalisation de son projet professionnel,
et non d’en être dégouté parce que le niveau demandé ne correspond pas à ses
capacités à l’instant T, soit en étant trop compliqué, soit en étant pas assez
exigent. Et en fin de compte, chacun aura intégré les connaissances fondamentales incluses dans
le référentiel, seules les méthodes pour y parvenir seront différentes entre
les 2 groupes.
En plus des temps de
groupe par compétences et capacités, il est important de mettre en place des
temps de soutien scolaire pour les élèves en difficulté et de dépassement du référentiel pour les autres
dans les matières principales que sont les mathématiques et le français mais
aussi les matières à gros coefficients en bac général, technologique et professionnel
faisant partie de l’emploi du temps. Je sais que le soutien n’est plus à la
mode mais pour l’avoir expérimenté en tant qu’enseignant sur mon temps libre,
puisque mes collègues avaient décidé de le retirer de l’emploi du temps, il
est redoutablement nécessaire pour une
frange de nos élèves et requiert un investissement passionnant à la recherche
de méthodes alternatives spécifiques facilitant une répétition motivante des
exercices. De plus, ce temps permet le
dépassement des difficultés à partir d’une
diminution du stress, né la plupart du temps de la continuité d’échecs
mais aussi d’une dévalorisation par rapport aux meilleurs élèves, qui n’étant
pas présents, favorise leur confiance en eux.
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Ces temps de soutien et
d’élitisme quelques heures par semaine peuvent être appliqués en primaire, en
collège et en lycée. J’ai bien d’autres
propositions d’organisations pour leur mise en place mais je pense que
c’est aux enseignants de s’emparer de cette organisation par établissement avec
au fond d’eux, l’intime conviction des apports de ces temps pour les élèves.
Tous les temps d’évolution et de progression que j’ai pu mettre en place en
dehors de mon emploi du temps, que ce soit du soutien, de la préparation concours sanitaires et sociaux,
des discussions-débats ont toujours trouvé un écho favorable auprès des élèves
et un réel bénéfice pour une grande majorité d’entre eux.
Un temps de mise en
place de projets et de sorties scolaires se doit de faire partie de l’emploi du
temps.
Des temps de
relaxation, de calme sont indispensables
et bénéfiques à la re-concentration des élèves après un travail demandant
beaucoup d’énergie physique ou intellectuelle. Je suis même très favorable à la
formation des enseignants à la méditation, surtout en école primaire pour
mettre en place un temps de méditation durant la semaine.
L’expression doit être
une discipline à part entière et ce dès le CP : théâtre, improvisation,
poésie, expression corporelle, stand up… du classique au moderne.
L’expression est tellement indispensable
dans la vie de tous les jours, dans la relation aux autres, lors d’entretiens,
d’oraux d’examens ou de concours, que ces cours seraient un outil fabuleux pour
la libération de la parole, du corps, de l’esprit et donc pour la réduction
voire la disparition des inhibitions d’un grand nombre d’élèves ,surtout s’ils
dispensés dès le plus jeune âge.
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