mardi 12 décembre 2017

Le cours

LE COURS

Pour les non initiés, un temps de classe, donc un cours est appelé une séquence, l’ensemble des séquences formant un chapitre, un thème est appelé une séance et l’ensemble des séances de l’année scolaire reprenant le référentiel c'est-à-dire le programme annuel par discipline imposé par l’éducation nationale, nommé une progression que j’appelle programmation. La  progression reste pour moi un terme réservé aux élèves. Je n’ai jamais compris l’utilisation du terme progression pour l’annualisation du référentiel en lien avec nos heures de cours. Le mot progression  est réservé aux élèves !   Notre programmation dépend de la progression de nos élèves.
Je ne parlerai pas de la méthode de préparation d’un cours, car le plus important finalement est ce qu’apporte  le cours dispensé par l’enseignant aux élèves, s’il leur permet avec plus ou moins de facilité, l’intégration des compétences définies par le référentiel. L’atteinte des objectifs d’un cours sont liés à la méthode de préparation de ce dernier par chaque enseignant mais ils  n’en sont ni dépendants, ni uniques. Cette méthode et ce temps de préparation  dépendront surtout de l’expérience, des connaissances, du vécu, de la personnalité de l’enseignant et de sa motivation à le rendre le plus vivant et compréhensif possible. Et pour cela, pas  besoin d’imposer une méthode complexe demandant un temps de préparation hallucinant, éloignant l’enseignant des besoins  et des sources de difficultés de l’élève pour l’intégration des compétences, en extrapolant des théories, des méthodes qui finalement se retournent contre lui. L’élève n’est pas plus impliqué et  finalement plus à la dérive que lorsque cette méthodologie n’était pas imposée par les inspecteurs, car elle ne s’appuie ni sur l’intégration du savoir-être, ni sur l’intégration des connaissances  fondamentales, ni sur le temps de réflexion positive, ni sur un temps d’inclusion réelle, ni sur l’amour du travail bien fait donc sur pas grand-chose de ce qui fait la pyramide des apprentissages. Simplement sur une vision que j’appellerai administrative de l’enseignement.
 Je ne parlerai donc  pas de séquence, de séance, de programmation car elles dépendent avant tout des disciplines, de l’enseignant, des capacités et des ressources  des élèves, mais je parlerai des comportements et des méthodes de l’enseignant lors de la transmission des connaissances fondamentales. Ce  qu’on appelle donc communément le cours. Ils seront le complément de tous ceux explicités en amont !
Il est important de prendre conscience en tant qu’enseignant de la portée du rythme, de notre présence je dirais scénique et de la lisibilité facilitant les compréhensions aussi bien de nos interventions que de leur prise par écrit  des apprenants. Et surtout que l’objectif principal est sa compréhension, et non de rattraper ou ne pas prendre de retard par rapport à une programmation ou un référentiel. Il est donc primordial durant un cours :
-De l’adapter aux capacités et ressources de ses élèves en ne cherchant pas coûte que coûte à coller à sa programmation qui n’est qu’une prévision et non une obligation.
-De responsabiliser les élèves en fonction de leurs âges, de leurs capacités et ressources.
-D’instaurer l’étymologie disciplinaire comme savoir fondamental.
-D’instaurer un rythme permettant la  compréhension de tout ou partie du cours lors de la séquence.
-D’instaurer des temps de questionnements de l’enseignant par les apprenants.
-De ne pas accumuler trop de connaissances nouvelles rendant leur intégration pour le cours suivant difficile. Les espacer par des travaux imposés, des débats  les mobilisant.
-De simplifier l’organisation et la rhétorique de son cours théorique au maximum pour faciliter sa compréhension, son écriture par les élèves mais aussi pour garder du temps pour les exercices pratiques, les questionnements et les corrections.
-Définir avec simplicité les termes fondamentaux en mettant l’accent sur les mots-clés essentiels les constituant.
-Inclure par moment un vocabulaire développé en leur faisant écrire entre parenthèses un synonyme plus facilement compréhensible participant ainsi à l’enrichissement de leur vocabulaire.
-D’éviter au maximum les photocopies sauf pour les travaux imposés sachant qu’écrire participe à l’intégration et à la compréhension des nouveaux savoirs en instaurant une certaine attention et concentration.
-De les accompagner dans l’écriture du cours en leur conseillant de sauter des lignes, d’aller à la ligne, écrire en catalogue, surligner…  parce que la lisibilité et l’organisation de leurs écrits sont indispensables lorsqu’il s’agit de travailler avec ou d’apprendre ce qui est écrit.
-De surveiller le support écrit soit en les ramassant jusqu’au collège ou en les visualisant lors de passages à leur côté au lycée.

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-D’évaluer constamment les connaissances fondamentales et d’être capable d’adapter son cours ou de proposer un travail à la maison permettant leur intégration par les apprenants concernés.
-De faire ressortir les termes importants, leurs définitions, toutes les connaissances fondamentales en ne les noyant pas dans un phrasé interminable et incompréhensible pour eux.
-D’apporter ou de reprendre les connaissances fondamentales indispensables à une réflexion positive et non chercher les connaissances fondamentales à partir de réflexion car cette méthode conduit à la non réalisation du travail imposé et un désintérêt de ces connaissances par abandon pour difficultés trop importantes. Cette méthode est à réserver aux élèves ayant les capacités mais pas à l’ensemble de la classe.
-De saisir les opportunités incitant les élèves à aller voir plus loin que ce qui est proposé en cours. Aujourd’hui avec internet, le cinéma, les offres culturelles et les livres toujours présents, l’élève n’a que l’embarras du choix, il incombe à l’enseignant de lui donner envie de chercher.
-D’éviter de donner les réponses mais les inciter à les trouver par l’intermédiaire d’indices, de temps de recherche.
-S’inquiéter de la réalisation des travaux imposés durant le cours sauf ceux dédiés à la  responsabilisation de l’élève.
-Toujours lors de travaux imposés, ajouter une question supplémentaire non obligatoire permettant de laisser plus de temps aux élèves en difficulté et laissant une autonomie pour ceux ayant terminé plus tôt, avec comme objectif à court terme que tous ceux qui ont terminé plus tôt y répondent.
-Mettre en place des temps de travaux imposés sous la seule responsabilité des apprenants qui seront ensuite ramassés avec leur brouillon afin de  mettre en évidence leur degré de motivation à le réaliser correctement. Et surtout leur faire comprendre  qu’ils ne travaillent pas pour des notes ou pour le prof, mais pour intégrer les compétences indispensables à leur projet professionnel donc qu’ils travaillent pour eux.
-De leur permettre quelquefois durant l’année de choisir eux-mêmes la manière dont seront abordées les compétences à intégrer.
-D’utiliser You Tube comme complément avec ses innombrables vidéos. C’est un formidable outil pédagogique qui permet d’illustrer n’importe quel cours.
-Toujours favoriser l’expression orale en répondant à leurs questions. Il n’existe pas de questions idiotes à proprement parler, car elles montrent une volonté de s’exprimer même si c’est pour se rendre intéressant. A l’enseignant de répondre avec répartie, incitant l’élève à s’exprimer pour montrer sa capacité  d’esprit plutôt que de conneries.
-Mettre en place des travaux, des exercices en groupes de 2 ou 3. Certaines fois, les élèves peuvent choisir leurs compagnons en fonction de leurs affinités et d’autres fois les groupes sont imposés sans aucune possibilité de négociation pour apprendre à travailler avec tout le monde et souder le groupe classe.
-Durant les cours en classe réduite, un élève par table de 2 sauf bien entendu lors de travaux de groupe.
L’organisation des cours

L’organisation des cours se doit d’être ambitieuse pour nos élèves en favorisant l’élitisme et le soutien tout en sachant très bien qu’il est important de garder dans les classes une mixité des capacités des apprenants favorisant l’esprit d’équipe et la mixité sociale. Pour cela, il est déjà nécessaire de constituer les  groupes lors des temps de classe dédoublés en fonction du niveau des élèves. Malheureusement les groupes sont constitués en fonction de deux critères : l’emploi du temps des professeurs et le fait de séparer les élèves posant problème en classe entière.
Je suis certain qu’il est important pour les élèves d’une même classe ayant à peu près les mêmes capacités d’avoir des temps ensemble, permettant à l’enseignant de ne pas en freiner certains à certains moments et en dégoûter d’autres à d’autres moments et de valoriser la collaboration. Le temps de classe en  groupe est idéal pour développer la collaboration entre élèves et casser ce sacro-saint principe de la soi-disant égalité devant les études. L’égalité scolaire est de permettre à tout élève d’acquérir les compétences indispensables à la réalisation de son projet professionnel, et non d’en être dégouté parce que le niveau demandé ne correspond pas à ses capacités à l’instant T, soit en étant trop compliqué, soit en étant pas assez exigent. Et en fin de compte, chacun aura intégré  les connaissances fondamentales incluses dans le référentiel, seules les méthodes pour y parvenir seront différentes entre les  2 groupes.
En plus des temps de groupe par compétences et capacités, il est important de mettre en place des temps de soutien scolaire pour les élèves en difficulté et  de dépassement du référentiel pour les autres dans les matières principales que sont les mathématiques et le français mais aussi les matières à gros coefficients en bac général, technologique et professionnel faisant partie de l’emploi du temps. Je sais que le soutien n’est plus à la mode mais pour l’avoir expérimenté en tant qu’enseignant sur mon temps libre, puisque mes collègues avaient décidé de le retirer de l’emploi du temps, il est  redoutablement nécessaire pour une frange de nos élèves et requiert un investissement passionnant à la recherche de méthodes alternatives spécifiques facilitant une répétition motivante des exercices. De plus, ce temps  permet le dépassement des difficultés à partir d’une  diminution du stress, né la plupart du temps de la continuité d’échecs mais aussi d’une dévalorisation par rapport aux meilleurs élèves, qui n’étant pas présents, favorise leur confiance en eux.
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Ces temps de soutien et d’élitisme quelques heures par semaine peuvent être appliqués en primaire, en collège et en lycée. J’ai bien d’autres  propositions d’organisations pour leur mise en place mais je pense que c’est aux enseignants de s’emparer de cette organisation par établissement avec au fond d’eux, l’intime conviction des apports de ces temps pour les élèves. Tous les temps d’évolution et de progression que j’ai pu mettre en place en dehors de mon emploi du temps, que ce soit du soutien, de la  préparation concours sanitaires et sociaux, des discussions-débats ont toujours trouvé un écho favorable auprès des élèves et un réel bénéfice pour une grande majorité d’entre eux.
Un temps de mise en place de projets et de sorties scolaires se doit de faire partie de l’emploi du temps.
Des temps de relaxation, de calme  sont indispensables et bénéfiques à la re-concentration des élèves après un travail demandant beaucoup d’énergie physique ou intellectuelle. Je suis même très favorable à la formation des enseignants à la méditation, surtout en école primaire pour mettre en place un temps de méditation durant la semaine.
L’expression doit être une discipline à part entière et ce dès le CP : théâtre, improvisation, poésie, expression corporelle, stand up… du classique au moderne. L’expression  est tellement indispensable dans la vie de tous les jours, dans la relation aux autres, lors d’entretiens, d’oraux d’examens ou de concours, que ces cours seraient un outil fabuleux pour la libération de la parole, du corps, de l’esprit et donc pour la réduction voire la disparition des inhibitions d’un grand nombre d’élèves ,surtout s’ils dispensés dès le plus jeune âge.





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